LES FRANGINS

Jean-Lou entendit approcher son frère. Pour une fois, Bruno était à peu près à l'heure. D'ordinaire, après son travail, il poussait jusqu'à la ville voisine, fouillait dans les disques, se payait du flipper à gogo, ou faisait pétarader son engin sur toute la longueur des boulevards. Le même tapage, riche en décibels, secoua le petit bois de chênes qui, du virage d'en bas, renvoyait vers la maison un écho très spécial. Jean-Lou jeta un regard sur la vaisselle à laver, un autre sur le frichti qui mijotait. Un silence, puis l'entrée du guerrier. La porte claqua. De lourdes bottes de cuir, renforcées de blindages, martelèrent les dalles du hall. Et l'aîné parut, tignasse en bataille, son casque rouge contre le coeur. Le blouson pleurait misère, le chandail perdait des plumes. Quant au jean, il n'avait, dans sa détresse, ni forme, ni couleur. Bruno était magnifique. - Salut, frangibus ! dit-il....

CHRONOLOGIE : 1979